VALEURS ET INSPIRATIONS DE

LA TRAVERSÉE DES MÉMOIRES

Cette Traversée des Mémoires ne se fonde pas de manière unilatérale sur une célébration unidimensionnelle des mémoires de l’esclavage, mais se propose de partir de ce terreau historique et mémoriel commun (ce « lieu-commun », selon l’expression d’Édouard Glissant) pour amener les élèves à réfléchir, dans le cadre d’une démarche pédagogique et créative, à un certain nombre de problématiques du présent et du futur. À partir de la réflexion historique et mémorielle (elle-même plurielle), les élèves seront ainsi amenés, dans la visée d’une Déclaration commune, à se positionner par rapport à un corpus de valeurs et d’inspirations parmi lesquelles on citera (en guise d’orientation possibles mais non exhaustives) :

  • La notion même de la « traversée », qui n’est pas anodine, au moment où des pans entiers de l’humanité connaissent le destin de ceux qu’on nomme les « migrants ». Réflexion donc sur la notion de migration, dans ses diverses acceptions (réalités économiques, données démographiques, idéal d’une citoyenneté mondiale…), mais aussi sur le fondement de la traversée en termes de nouvelle déclinaisons d’interculturalités agissantes, de nouvelles opportunités d’un renouvellement de la Relation mondiale.
  • La notion de « rencontre » de l’Autre, en inversion de ce qu’une ancienne acception de la traversée (la « découverte » menée par des « découvreurs » omnipotents, voire le commerce triangulaire mené au cours de la Traite), vers une nouvelle acception où la rencontre accueille l’imprévisible, voire l’opacité de l’autre. On pourra s’inspirer de ce que Glissant avait dit de son vaste poème épique Les Indes, qui inversait déjà le Journal de Christophe Colomb et disait à son endroit : « C’est Christophe Colomb qui est parti, est c’est moi qui suis revenu ».
  • La notion du « vivant », inséparable de la traversée concrète qui sera menée par Arthur Petrucci au cours du déroulement du projet : la mer, à la fois route et écho des migrations, mais aussi réceptacle écologique de l’humanité et du monde vivant. Rallier par la mer les espaces concernés par le projet, c’est en quelque façon épeler par le vivant le dialogue entre les uns et les autres, c’est reconnaître aussi dans cet écosystème fragile le trait d’union à préserver en urgence. Amener les élèves à réfléchir sur cet enjeu primordial de la mer, au moment de l’accélération des dérèglements climatiques, et les amener à être eux-mêmes les ambassadeurs d’un projet de renouement humain qui procède de la mer.
  • La notion de « Déclaration », placée au cœur du projet avec l’idée d’une Déclaration finale des Mémoires et du Futur co-construite par les élèves moyennant les 7 étapes du projet. On pourra retravailler l’idée même de Déclaration, en partant de ses acceptions historiques (Déclaration universelle des droits de l’homme bien sûr, mais aussi les déclarations issues de l’Unesco) pour réexaminer la pertinence non pas d’une posture déclarative, mais de tout ce à quoi peut engager une déclaration élaborée en commun : manière aussi, de revivifier, au gré d’une démarche de connaissance, l’expression démocratique qui, aujourd’hui, doit être redéfinie et redéployée.

CONTENUS PÉDAGOGIQUES

Quatre volets pédagogiques potentiels par conséquent, préalablement travaillés en classe  et mobilisant les élèves dans le sens de choix volontaires et argumentés :

1) Choix de textes (choisis au sein de l’Anthologie de textes établie en 2010 par Édouard Glissant, 10 mai, Mémoires de la Traite négrière, des esclavages et de leurs abolitions) et du complément établi par Loïc Céry, Une littérature des mémoires (éléments transmis aux équipes pédagogiques par les coordonnateurs du projet) ;

2) Choix d’iconographie propre à l’histoire des traites et de l’esclavage colonial

3) Sélection musicale dans les différents styles musicaux des musiques de la mémoire. Parmi les œuvres lues, montrées et diffusées, pourront figurer certains travaux des élèves eux-mêmes, ce volet pouvant donc susciter en amont des ateliers de création littéraire, graphiques et musicales réalisés en classe, donnant lieu à un versant de créativité autour de la manifestation, en regards des œuvres patrimoniales choisies. Dans le cadre de la sensibilisation à la mémoire de l’esclavage qui fait partie de leurs programmes d’histoire, les lycéens se verront ainsi engagés dans une réappropriation originale des savoirs mais aussi des lieux concernés, suscitant à la fois l’imaginaire et une conscience plurielle (historique, mémorielle, identitaire, sociétale…).

4) Écriture de texte : Les élèves auront préalablement préparé leur contribution à une Déclaration finale, prenant acte de leurs places dans une histoire donnée, et sur ces fondements, disant leur positionnement par rapport à l’avenir des humanités. Ce sont ces différentes contributions qui seront recueillies par le Flambeau des Mémoires, dans un trajet qui aura rallié Fort-de-France, Pointe à Pitre, Cayenne et Paris.

© INSTITUT DU TOUT-MONDE, 2022

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